C'est peut-être pas la meilleure idée de tous les temps... [Pv Duncan]

Chef d’un groupe… Yasashi n’avait jamais eu envie de l’être. De son point de vue, c’était un rôle ingrat qui l’empêchait de faire ce qu’elle voulait, d’être libre. Elle n’avait plus ce libre arbitre dont elle avait tant besoin à cause de son second qui la rappelait toujours à l‘ordre. C’était pour éviter cela qu’elle avait d’abord refusé de l’être. Mais elle avait fini par accepter ce titre, pour plusieurs raisons. Premièrement, elle pouvait utiliser les membres d’Alon pour des diversions, même si elle faisait très rarement appel à ses sbires. Ensuite, chose qu’elle n’avouerait jamais, elle espérait vraiment pouvoir aider les gens de son groupe, même si elle se montrait toujours froide et distante envers eux. Elle ne laisserait pas ses défenses s’abaisser et personne ne l’approcherait car elle ne voulait pas mettre d’autres personnes en danger, ses parents avaient suffi. Elle préférait donc rester seule, quitte à passer pour un monstre sans cœur.

Elle était assise confortablement, observant en silence les écrits qu’elle avait pu recueillir sur les portails. Elle se trouvait dans l’une des mini-bases d’Alon et étudiait ces notes depuis plus d’une heure. Plus tôt, elle avait envoyé promené son second – pour changer – et lui avait raccroché au nez, daignant tout de même lui dire où elle était, pour qu’il lui lâche un peu les basques. Elle n’avait rien à cacher, ni à se reprocher et c’était un fait tellement rare qu’elle se devait de le souligner. Elle espérait seulement qu’il ne lui avait pas envoyé quelqu’un pour la protéger – la surveiller surtout ouais ! – ou toute autre connerie, ou que personne ne viendrait la déranger. Elle avait besoin de concentration !

Jamais Duncan n'aurait espérer trouver ce genre d'organisation. Il pouvait trouver de tout : matériel de soins, armes, entraînements, centres de recherche. Les Alon étaient plutôt assez organisés pour un groupe militant contre P.U.R.E. .

L'Alon a été chargé d'une mission par le second en chef : vérifier la présence de Yasashi, auquel cas assurer sa protection et sa garde rapproché, même au-delà des menaces, du client. Oui, Duncan savait que le leader était plutôt indépendant, voire qu'elle déteste qu'une personne reste trop longtemps dans le coin. L'endroit où se situait la mission était en Asie. L'appel avait pu être localisé dans une région du nord de la Chine. Que pouvait-elle faire bien là-bas ? Nul l'ignore. Mais tout portait à croire qu'elle y mène des études importantes.

Duncan décida d'y aller seul. Il connaissait la réaction que pouvait avoir Yasashi s'il venait à la perturber. Il sait comment elle est, car il se réagissent tous les deux de la même façon. Le plus souvent, ces deux personnes n'ont pas la parole facile, mais se crient dessus assez facilement.

Il arriva devant la porte. Il savait qu'elle se trouvait derrière. Il regarda derrière lui, et fit un geste de la main pour leur dire de s'éloigner.

"Je n'ai pas envie que vous preniez votre compte, vous aussi."

Il ouvrit la porte lentement, faisant le moins de bruit possible. Il voyait Yasashi de dos, toujours concentrée sur ses études. Il arriva doucement sur le côté et jeta un coup d’œil sur le plan de travail du leader. Vu l'intensité, et le rangement sur ce bureau, Duncan savait que cela faisait assez longtemps qu'une simple recherche.

En tant que membre d'Alon, il devait savoir ce qu'elle faisait, pour assurer sa sécurité, mais celle aussi des autres.

"Yasa ? Tu regardes quoi en ce moment ?"

On ne peut pas faire pire comme début. Duncan commence par utiliser le "petit surnom" qu'il donnait au chef, si ce n'est qu'un autre plus farceur. Il sait que Yasashi ne va pas apprécier du tout, mais alors du tout cela. Et puis... C'est plus marrant de la voir s'énerver. Après tout, on la voit tellement souvent comme ça, qu'on commence à en avoir de la peine de la voir silencieuse comme ça.

Yasashi était en train d’étudier avec attention ce qu’elle avait pu observer au portail de Kurjiru avant sa rencontre avec Kuro lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir. Elle qui avait espéré être tranquille, son répit avait été de courte durée et son second n’avait apparemment pas chômé pour lui envoyer quelqu’un. Si le nouvel arrivant avait espéré être discret, c’était sans compter sur le passé de Yasashi. Être poursuivie par la police et par P.U.R.E. pendant dix ans l’avait rendue quelque peu rendue bien plus attentive à tout – paranoïaque quoi – donc il aurait fallu faire bien plus pour qu’elle ne le remarque pas. Elle ne réagit pas, continuant l’étude de ses écrits, mais son pouvoir prêt à l’action. On ne sait jamais, au cas où ce n’était pas un envoyé de son second, mais une personne moins bien intentionnée.

Son pouvoir se relâcha immédiatement dès qu’elle entendit la question posée. Elle allait finir par tuer son second un jour. La voix, l’intonation et la façon de parler ne laissait aucun doute sur l’identité du mystérieux inconnu. Pourquoi avait-il fallu que ce soit lui qui soit envoyé ? Pourquoi pas l’un de ces petits membres trouillards qui fuyaient dès qu’elle levait les yeux ? Ah oui, peut-être parce qu’ils détalaient dès qu’elle posait un œil sur eux. C’était plutôt valable comme raison… Elle releva la tête de ses documents, observant Duncan un instant, en silence. Elle n’allait pas réussir à le faire fuir celui-là…

- Déjà, c’est Yasashi, pas « Yasa ». Ensuite, ce que je regarde ne concerne que moi. Et enfin, c’est bon, si ta mission était de vérifier ma présence ici, c’est fait. Tu peux sortir. Et si tu dois me « protéger », fais-le, mais depuis l’autre côté de la porte. Merci.

Son regard impassible ne l’avait pas quitté pendant qu’elle débitait ses paroles d’un ton monocorde, totalement dénué d’émotion. D’ailleurs, depuis quand les gens s’autorisaient-ils à l’appeler Yasa ? Elle refusait de recevoir des surnoms car ceux-ci sont synonymes de rapprochement et que personne n’avait le droit de se rapprocher d’elle. Personne.

Après quelques observations rapides, je pouvais voir les noms de "portail" et "Kurjiru". Qu'est-ce qu'elle manigance avec ces dossiers ? Des informations supplémentaires à mettre à jour ? Un rapport sur des Alon non loin de cet endroit ? J'aimerais bien savoir. Elle a beau être le chef, on ne fait rien sans demander une réelle approbation. Même si second devrait être un peu plus têtu qu'elle. Au moins, on formerait la triade sonore la plus bruyante jamais rencontrée.

Dans la suite, elle leva sa tête et me regarda silencieuse. Je pense que mon arrivée n'a pas l'air de lui plaire. Son second m'avait dit qu'elle ne voulait personne dans cette salle, et qu'elle serait capable de se défendre si quelque chose lui arrivait. On reconnaît bien là Yasashi. Sûr d'elle et très solitaire. Bizarrement, ça me rappelle... Moi. En tout point. Sauf que je pense avoir un esprit collectif un peu plus développé qu'elle.

Elle releva le fait que je l'ai appelé "Yasa". Oui, elle préfère son nom en entier, pas un petit surnom tout mimi affectif. Elle penserait que ça ternirait son autorité ace aux plus jeunes. Il faudra que je lui fasse le coup un jour, devant eux. Non, ce n'est pas mon genre, j'ai autre chose à faire que de blaguer avec les novices.
Elle voulait que je reste en-dehors de ces études, que cela ne regardait qu'elle, et que mon aide et ma protection était fortuite, et bien plus appréciable depuis l'autre côté de la porte. Une belle de façon de m'envoyer balader. Tant de poésie dans ses paroles. J'aurai juré l'entendre soupirer, même si c'est que mon imagination. Mais le plus frappant, c'est sa froideur.

Voix monotone et regard fixe sur la personne non-souhaité. Presque toutes les personnes auraient déjà pris la poudre d'escampette, mais pas moi. J'aime bien aller au bout des choses, et ce n'est pas elle qui me forcera à sortir. Je veux jusqu'à où je peux empiéter sans risquer la voie de la violence, ce que j'éviterai tout de même. J'ai beau être assez farouche quand je tombe sur un P.U.R.E., je respecte énormément les Alon et les humains qui ne me cherchent pas. Dans ce cas précis, c'est moi qui cherche les problèmes, en quelque sorte.

"Ah bon ? Pourtant, j'aurai juré les novices dire ce surnom. Ça te colle si bien. Et puis, ça t'attendrit un peu. Ont e connaît sous le nom de Yasashi, l'inflexible. Il faut essayer de se faire apprécier. Pas se faire craindre. Sauf pour ces enflures de P.U.R.E. ... Il mérite que ça, après tout. Surtout après ce qu'ils ont fait..."

Et zut ! Je suis vraiment obligé d'être comme ça face à elle, avec cette voix de déprimé de la vie ! J'ai pas à laisser mon passé ressurgir comme ça ! Vite, il faut trouver un moyen de détourner le sujet en ma faveur.

"Dis-moi, j'ai vu que tes rapports portent beaucoup sur Kurjiru. Qu'est-ce qui s'y passe là-bas ? Une expédition ? Un rapport de l'intérieur ? Un complot de P.U.R.E. ?"

J'ai envie de savoir ce qui s'y passe, car je veux être capable d'agir en conséquence, si cela risque de tourner au vinaigre pour notre groupe pour moi, pour certains, une famille.

Les yeux de Yasashi étaient bien vite retournés se fixer sur ses notes, ignorant de nouveau son interlocuteur. Elle se doutait bien qu’il avait parfaitement compris qu’elle ne voulait pas de lui ici, mais elle savait également qu’il ne partirait pas, ce n’était pas dans son caractère. Ceci dit, elle aurait fait pareil à sa place. Ne jamais abandonner, c’était une chose si importante pour elle… Mais tout de suite, quand c’était sur elle que ça tombait, elle appréciait beaucoup moins.

Il semblait s’amuser, cherchant des limites qui parfois se révélaient être bien basses chez la cristalliste. Cependant, vu qu’elle ne les montrait jamais, beaucoup essayaient de les trouver, mais bien peu étaient aussi tenace que Duncan. C’était fou ce qu’elle le détestait de lui tenir ainsi tête, de ne jamais la laisser tranquille, mais en même temps, elle l’admirait. C’était fou ce que ça devait être rare les gens qui lui tenaient ainsi tête, sans broncher, et ça aurait pu l’amuser si elle n’avait pas si peu envie de se rapprocher de quelqu’un

Il ne semblait pas comprendre pourquoi d’ailleurs. Il continuait sur cette histoire de surnom, tentant toujours de l’énerver apparemment. L’attendrir… Comme si elle voulait être attendrie. Non, c’était exactement ce qu’elle ne voulait pas. Elle avait beau recevoir tous les surnoms négatifs possibles et inimaginables, elle préférait ça plutôt que « Yasa ». Yasa, elle aurait accepté que quelqu’un de proche d’elle, mais elle ne laisserait pas les gens s’approcher d’elle.

Elle releva la tête vers lui lorsqu’il finit sa phrase faite pour l’énerver. Elle la comprenait comme ça, mais ce n’était pas la question. Elle savait que la plupart des membres d’Alon étaient des descendants qui avaient perdu des gens qu’ils aimaient à cause de P.U.R.E., elle n’avait jamais aimé entendre ce que cette organisation avait pu faire. Elle voulait tellement les aider, mais elle ne pouvait pas, donc elle préférait se cacher derrière cette facette de froideur.

- Je me fous de comment les novices m’appellent. Ils ne sont même pas foutus de m’adresser la parole sans trembler. Les hypocrites et les trouillards ne m’intéressent nullement. Je n’ai pas à être attendrie, ni à me faire apprécier. Je ne suis pas là pour ça. Ensuite, chaque membre de ce groupe a sa vie, généralement pas agréable, mais ça ne me regarde pas. Si les membres de ce groupe arrêtaient un peu de se plaindre, il tournerait bien mieux.

Elle détestait ses propres paroles, ne pensant pas un mot de sa dernière phrase. D’ailleurs, une personne un tant soit peu attentive aurait remarqué le tout petit brin de tristesse qui était passé dans ses yeux à ce moment là. Il était vite parti, pour qu’elle ne montre aucune faiblesse. Elle avait ensuite poursuivi, répondant à ses questions.

- Il ne se passe rien là-bas, j’étudie juste la source de nos pouvoirs. Il n’y a ni complot, ni expédition de prévue. Pas pour Alon.

Elle ne savait pas ce qui pouvait arriver dans les autres mondes donc elle ne voulait pas risquer la vie des membres d’Alon. Elle pouvait y aller seule, elle devait y aller seule. Alon n’avait pas besoin d’elle pour vivre, et elle se devait de tenter d’en apprendre plus sur le passé des Descendants.

Ma foi, elle a pas du tout voulu m'ignorer en voulant regarder ses documents. Je comprends que d'un côté elle est occupée mais le respect et la correction veulent qu'on soit face à face à son orateur, pas à faire semblant de ne pas écouter. Je sais que tu m'entends quand je te parle. Tu n'arrives pas à m'ignorer comme pour les autres.

Tiens. Elle relève enfin la tête et... Non, ne croyez pas qu'elle va me sourir avec ce que j'ai dit. Toujours avec la même expression de froideur, d'inflexibilité et de grandeur.
Elle me réponda que ceux qui disent les novices sont inintéressants. Que ce genre de personne hypocrite et par la même occasion, trouillarde, n'était que le cadet de ses soucis. Ensuite elle me dit qu'elle a pas besoin d'amour ou d'admiration du prochain. Eh bah... C'est bien elle tout craché de toute façon. Elle veut pas qu'on compte sur elle et pour elle-même, seule sa personne compte. Certains diront qu'elle est très égoïste dans ce cas, mais derrière,  elle se contredit légèrement en parlant des raisons diverses et variées des nouveaux venus et de tous ceux présents, en disant que leur passé n'est pas une chose à regarder et plutôt à ignorer.
Elle finit par dire que les Alon iraient mieux sans ses plaintes quasi constantes. Je dois bien avouer qu'au bout d'un moment, cela devient exaspérant. Cependant, j'ai remarqué quelque chose à la fin. Comme un changement d'humeur mais bref. J'ai pu voir ses yeux l'espace d'un instant, et on y pouvait lire une certaine tristesse. Quel sot que je suis ! J'ai dû aller un peu trop loin du coup. On va se calmer dans ce cas-là.

Elle me parla du but de ses documents. Il s'agirait de savoir l'origine des pouvoirs qu'on a. C'est vrai que je me suis jamais posé la question. Je n'ai pas subit d'expériences ni une mutation comme un monstre mais du jour au lendemain, j'ai dû maîtriser un pouvoir très puissant. Si on pouvait savoir d'où nous venons en quelque sorte, cela nous permettrait d'étendre notre connaissance sur ce qu'on est réellement.

"Je vois. On ne sait pas réellement qui nous sommes au fond. Mais... Ce dont j'en suis sûr, c'est que je suis ici en vie. Et que j'ai trouvé un but à ma vie. Chacun a eu sa raison de venir ici et d'y rester. Oh et dernière chose : ne dis pas des choses que tu regrettes dans la suite. Sinon tente le lâcher-prise. Mais pas devant moi. Même si je suis le plus apte à comprendre tes sauts d'humeur."

Je ne sais pas si ce que j'ai dit est irritant, car c'est la vérité. Elle faut qu'elle se détende un peu. Le Monde n'est pas entièrement mauvais. Seul P.U.R.E. l'est. Cette organisation capable de briser des vies entières, des familles, des liens quelconques. Ils sont ceux qu'ils doivent craindre. Pas nous. Mais... Je suis pas le meilleur placé pour le dire.

"Je me rappelle du premier éveil de mon pouvoir. J'ai voulu me battre avec un gars qui avait embêté mes amis et d'un seul coup en lui posant ma main au visage, il a subit une brûlure. Bien sûr, aucune preuve pouvait montrer que c'était moi. Ils ont mis ça sur le coup d'une réaction allergique par rapport à ce que j'aurai eu sur mes mains à ce moment-là."

Etait-ce de l’irritation que Yasashi avait pu lire dans les yeux de Duncan lorsqu’elle avait relevé la tête ? Non, ce n’était pas du tout ce qu’elle cherchait, ce n’était absolument pas son genre ! En fait, si. Totalement son genre, parfaitement son genre. Tout faire pour qu’on lui lâche les basques, voilà son genre. Et même lui n’allait pas y échapper, malgré sa ténacité. Elle allait quand même essayer de l’éloigner.

Les paroles du membre d’Alon firent poser sur lui les yeux froids, durs et légèrement énervés de sa chef. Des choses qu’elle regrettait, elle en disait des tonnes, mais elle ne les regrettait jamais complètement. Chaque parole froide, blessante, qu’elle avait pu prononcer, elle s’en voulait de l’avoir dite, mais elle savait que c’était dans un seul et unique but : protéger les autres. Tous ceux qui l’approchaient trop étaient en danger, donc elle préférait largement être prise pour un monstre égoïste que de risquer leur vie. Et le lâcher-prise… Elle savait parfaitement que son pouvoir réagissait à ses émotions, donc elle ne pouvait absolument pas se le permettre. Si elle laissait ses émotions s’enfuir d’elle, elle risquait également de voir son cristal s’échapper, et c’était bien trop dangereux. Pour tout dire, elle n’était pas sure que la dernière personne à avoir assisté à ce spectacle soit encore en vie…

- Je ne regrette rien. Chaque chose que je dis a une raison d’être et je ne la changerai pas. Si vous êtes pas contents, vous pouvez aller voir ailleurs.

En entendant la suite, elle serra les dents. De tous les sujets, il avait fallu qu’il aborde celui-là. Après la mort de ses parents, le sujet de l’apparition des pouvoirs était une chose qui l’énervait au plus haut point. La plupart des gens avaient obtenu leur pouvoir de façon calme, ou sur un coup de colère. La colère est un assez bon moyen pour activer son pouvoir, c’est souvent grâce à ça qu’on le contrôle au début. Pour Yasashi, ça s’était passé bien différemment. Les dents toujours serrées, elle se leva, s’approchant de Duncan. Sa voix s’éleva, glaciale et énervée.

- Je me souviens de quand j’ai obtenu ce pouvoir. C’est quand un gars m’a transpercé le corps. Bien sûr, il n’y avait aucune preuve que c’était lui, juste un trou béant dans ma poitrine par rapport à la lame qu’il avait à ce moment-là.

Les poings serrés, elle s’éloigna vers la fenêtre, donnant un coup de pied dans la chaise en passant. Celle-ci s’écrasa au sol, mais Yasashi l’ignora, regardant dehors en essayant de se calmer.

Je n'ai aucune idée de ce que j'ai dit. Je la connais pas assez pour aller sur ses pentes glissantes. J'aurai eu un an voire deux à ses côtés, je saurai comment m'y prendre. Mais même son second m'avait dit qu'il savait jamais comment aborder certains sujets avec elle. Elle est tellement rapide sur le changement d'humeur et le plus souvent sujet à hausser le ton. Comme elle me l'avait dit, elle doit rester une figure d'autorité et de respect. Pas une chose dont on doit s'inspirer et aimer pour en être proche.

Au moment où je parlais d'apprendre à se relâcher un peu, je l'ai vu légèrement de pincer les lèvres. Aurai-je touché un sujet trop sensible ? À moins que cela n'est pas encore le temps de développer. Au fond de moi, j'espère qu'elle puisse s'ouvrir un peu plus à certains d'entre nous. On forme une équipe non ? Pas des loups solitaires qui reviennent de temps à autre avec rien dans leurs mâchoires. Je doute qu'elle n'ait pas une pensée envers la sécurité de nous tous. Elle serait pas capable de considérer les novices comme des pions.

Elle parla du fait que ses propres décisions ont une raison bien définie et indiscutable. À peu près comme moi et les membres du groupuscule haineux face à nous. Ensuite, elle m'invita cordialement à partir, ou les autres par la même occasion, si nous étions pas d'accord. Même si elle n'a pas remarqué à ce moment-là,  elle vient juste de montrer son soucis pour la cohésion des Alon.
Puis, un changement brutal dans ses yeux et son corps se faisait quand j'abordais l'obtention de mon pouvoir. Je pense qu'à partir de là, j'ai franchi la limite. C'était déjà l'une des choses qu'elle voulait pas en parler. Et ça, je le voyais bien. Elle s'approcha de moi,  les dents serrés de colère. Le ton de voix ainsi que le regard montraient bien que j'ai parlé d'un sujet qui me fallait pas. Je ne sais pas si je vais subir une énorme baffe à travers mon visage, ou un bon coup de son pouvoir en pleine face. Mais non. Elle se ccontenta simplement de me dire elle aussi sa découverte de son pouvoir. Et on peut dire que c'est pas la meilleure façon de le découvrir.

Enfin, elle s'éloigna de moi et déchaîna un peu sa colère en donnant un bon coup dans la chaise, la faisant tomber sur le sol. Avec chance, la chaise ne s'était pas brisé, mais la violence du coup pouvait se sentir. À présent, elle regarde dehors pour se calmer,  je pense.

Bon, il faut que j'arrive à lui montrer certaines choses sans qu'elle prenne la mouche ou qu'elle déchaîne sa colère sur moi. Même si je préfère que ça soit moi au lieu d'une novice. Ils tomberaient sur le premier coup.
Je prends la chaise sur le sol, la remet sur pieds pour enfin m'asseoir dessus, côté dos face à moi. Mes bras étaient posés sur le dessus de la chaise. Je la regardais bien, ni avec un regard de pitié ou de remords. Si elle voit que je regrette mes paroles, je serais le perdant. Je pris un ton plus doux, mais restant toujours sûr de ce que je dis.

"Ma foi... Je me pensais pas à ça pour toi. Mais à présent, je comprends certaines choses au fur et à mesure. Sur le lâcher-prise, j'ai oublié de dire qu'il ne faut pas que tu lâches tes émotions d'un coup. Mais plus sur un équilibre plutôt que de rester froide. Tu te soucis de certains d'entre nous, je suis pas aveugle."

Je voulais rester honnête jusqu'au bout. Elle sait s'y faire avec la vérité à force. Et puis, ça n'a jamais réellement tué quelqu'un. Les mensonges, si. Je me devais d'écourter ce sujet, sinon on tournerait en rond pour l'instant. Un jour viendra où elle sera plus libre sur ses choix. J'ai plus l'impression que c'est une contrainte qu'elle doit se donner plutôt qu'une obligation de son poste.

"Je préfère qu'on en arrête là pour l'instant. J'ai pas besoin de réellement savoir plus. Que ça soit sur moi ou sur toi. Sinon je risque moi aussi ma propre perte de contrôle de la colère."

Moi aussi j'ai certains sujets que je veux éviter. Comme celui-là... Je souhaite à personne de subir ça. C'est un acte où la plupart perdrait leur logique d'esprit et deviendrait des tueurs psychopathes. Mais j'ai eu "la chance" d'avoir eu une réaction ddifférente.
De plus, si elle venait à me questionner à son tour sur ça, je ne pourrais pas faire semblant de rien entendre. J'ai eempiété sur un sujet qu'elle détestait, donc si elle devait faire la même chose, je lui en voudrais pas.

Yasashi ne quittait pas l’extérieur des yeux. Ce coup-ci, ce n’était pas pour agacer son subalterne, mais surtout pour qu’elle ne s’énerve pas elle. Elle se refusait à faire du mal aux gens de son groupe. Cependant, ce moment de sa plus tendre enfance l’avait profondément marquée et bouleversée, surtout que toute sa vie avait découlé de cet instant, même la mort de ses parents. Sans cet homme, elle serait restée une simple humaine, P.U.R.E. se serait fichu d’elle et ses parents seraient encore en vie. Et elle n’aurait jamais été ce qu’elle était à ce jour. La seule chose dont elle se souvenait de l’homme qui lui avait fait ça, c’était son sourire au moment où il l’avait transpercée de sa lame. Instinctivement, comme à chaque fois que ses souvenirs remontaient dans sa mémoire, elle porta sa main à sa poitrine, au niveau de son cœur, là où elle cachait sa cicatrice. Elle n’était jamais partie cette cicatrice, comme pour lui rappeler ces instants, chaque jour de sa vie, lui rappeler qu’elle était la cause de la mort de ses parents. Elle ouvrit la bouche, tentant de cacher sa tristesse derrière sa colère.

- Et que pensais-tu alors ? Tu ne connais rien de moi et tu portais un jugement ? Si tu pensais que j’avais eu une vie facile, tu te trompes. Je ne serais pas là à écouter les conseils de gens qui ne savent pas de quoi ils parlent sinon. Si tu as bien pris ton passé, grand bien t’en fasse, ça ne me regarde pas. Je ne suis pas là pour en apprendre plus sur vous. Ensuite, le lâcher-prise m’est impossible, c’est ainsi et je ne compte pas le changer, c’est tout. Enfin, qu’est-ce que ça changerait que je m’inquiète ou non à vous ? Hein ? Rien. Ça ne me demandera jamais d’être proche de vous ou que vous m’appréciez.

Elle prit une grande inspiration puis se tourna à nouveau vers lui, l’écoutant en silence. Elle fronça légèrement les sourcils, sans rien dire. Voilà qu’il fuyait maintenant ? Il lançait son sujet comme une bombe et tout à coup il prenait la fuite, n’ayant même pas le courage d’affronter la déflagration. Il descendait dans l’estime de sa chef. L’énervement de Yasashi, toujours présent, on pouvait facilement le voir en apercevant sa main qui commençait à se recouvrir de cristal, sans qu’elle ne le remarque. Son pouvoir se manifestait, silencieusement mortel.

- Tu fuis Duncan, tu me déçois. Assume tes paroles au lieu de faire marche arrière.

Le cristal progressait lentement le long de son bras, atteignant maintenant son coude.

Eh bah on va dire que ce que je tente n'a pas un franc succès. Je n'arrive qu'à l'énerver pour l'instant. J'ai juste le droit aux retombés. Je suis allé trop loin dans son introspection et j'en subis les frais comme n'importe qui d'autre.

Elle me cria dessus, disant que j'étais un ignorant par rapport à ce qu'elle avait vécu, que mon jugement à été en quelque sorte irritant pour elle. Puis elle me disait que si mon passé était meilleur que le sien alors c'était bon pour moi. Quelle sombre idiote... Elle dit de ne pas porter de jugement et voilà ce qu'elle fait: "Faites ce que je dis et pas ce que je fais". Elle est typiquement ce genre de personnes. Elle connaît pas ce que j'ai enduré. Même n'ayant eu que peu de pertes, j'ai du me séparer de bien des choses.
Ensuite, elle s'expliqua sur le lâcher-prise. Pour elle, c'est impossible. Et elle comptait ne pas changer son comportement, que ça soit pour son propre bien ou pour les autres. C'est le cas aussi pour avoir des amis ou des alliés. Elle en a que faire, cette fille. C'est impressionnant comment elle est insouciante de ces choses. Si quelqu'un pouvait lui ouvrir les yeux, ou quelque chose.

Puis, quand je voulais couper court à la conversation, je voyais son haussement de sourcils, même de derrière. Elle est si expressive quand elle est irritée. Si seulement c'était que ses sourcils, sa main se recouvrait d'une étrange substance. Non plutôt quelque chose de solide. C'était brillant à la lueur de la lumière et la réflexion était forte. Diamant ou cristal ? Est-ce qu'elle déclencherait son pouvoir volontairement pour m'intimider ou se rend-elle pas compte ?

Elle me regarda d'un air sombre et d'une voix très monotone. Elle me dit que je fuyais et que je la décevais. Et qu'aussi je devais assumer mes dires. Et bien si c'est ce qu'elle veut, elle va être servit. Même si j'ai la sainte horreur dans reparler, je me dois de lui montrer qu'elle se trompe.

"Tu me dis de pas porter de jugement, de ne pas prévoir la vie antérieure d'une personne. Et qu'est-ce que tu fais ? Tout le contraire de ce que tu dis. Si tu croyais que mon passé était la joie comparé à toi, alors dis-toi que le jour où tu rentreras de chez toi pour voir un groupe mystérieux qui décide sans raison valable de tuer sauvagement ta petite amie face à toi, et sans pouvoir faire grand chose, tu me le diras."

Je me devais de continuer sur ma lancée. Elle croit avoir raison sur mon compte. Elle va voir que de faire une première idée sur une personne peut être fatale. Et c'est pour ça qu'on veut connaître une personne. C'est pour éviter d'aborder des sujets irritants.

"Par contre si tu veux aussi les détails des conséquences je peux te les donner. Quand j'ai vu ça j'ai perdu le contrôle de moi-même et le quartier où je me trouvais était incendié. Mais les flammes que je produis sont pas naturels. T'as déjà vue des flammes bleues sortie de nul part, réduire en cendres ou carboniser des corps, sans que toi-même tu ne peux que regarder la destruction que tu as causé ? J'ai jamais pu récupérer réellement le corps de ma chère et tendre. Et j'ai dû lui faire une tombe sans pouvoir vraiment faire mon deuil. Encore maintenant j'en souffre. Mais comme toi je garde la tête haute et je fais mine d'aller toujours bien. Alors t'es commentaires de dire que je fuis c'est faux. J'ai besoin comme toi de ne pas laisser aller mes émotions au risque de déclencher une vraie pagaille. Mais appart ça, surveille déjà le tien. À moins que tu veux qu'on règle nos différents ici et maintenant."

J'étais très sérieux le long de mes paroles. J'étais prêt à me défendre s'il le fallait. Je n'ai peur d'aucuns affrontements. Que ça soit P.U.R.E., des humains ou même des Alon, tout le monde y trouve son compte avec moi. Et elle aussi sait de quoi je suis capable, jusqu'à où je peux aller. Mais je ne veux pas d'un match à mort contre elle, mais qu'elle ouvre les yeux sur son entourage.

Yasashi écouta Duncan parler, sans broncher. Un petit sourire avait fleuri sur ses lèvres. Il avait l’air énervé et c’était tant mieux. Plus il la haïrait et moins il essayerait de s’approcher d’elle et de la connaitre. Ainsi, elle ne risquait pas de le mettre en danger. C’était ce qu’elle faisait pour chaque personne qui l’approchait, qui essayait d’en apprendre plus sur elle. Elle détestait cette solitude, mais elle avait fini par se persuader qu’elle était la seule solution à ses problèmes et depuis, elle s’y tenait rigoureusement. Elle savait qu’il était possible que n’importe qui la haïsse et elle se servait de ça pour rester seule.

Croisant les bras, elle le laissa continuer avec ce qu’on pouvait identifier comme un sourire ironique sur les lèvres. Ce n’en était pas un, mais ça y ressemblait. Elle voulait juste qu’il la haïsse le plus possible. Sinon, il avait le schéma habituel du passé d’un descendant : perte d’un être cher, perte de contrôle, bla, bla, bla. C’était l’attitude qu’elle montrait extérieurement. En elle, elle s’en voulait de se montrer ainsi, surtout à l’égard de quelqu’un qui avait vécu quelque chose de semblable à elle. Mais elle n’avait pas le choix… Elle n’avait pas le choix…

- Je n’ai fait qu’évoquer une possibilité. Maintenant, vu que tu étales ta vie, sache que je n’ai pas besoin de vivre ta vie pour savoir ce que ça fait, merci. Je n’ai pas vécu ce que tu as vécu et j’en suis bien contente, mais faudrait peut-être que tu songes à aller de l’avant. Ton passé est passé et tu ne pourras rien y changer. Et je disais que tu fuyais la discussion, n’interprètes pas mes paroles n’importe comment.

Elle s’empêcha de lâcher un rire ironique. Il se plaignait de ne pas avoir pu enterrer sa copine ? Au moins, il l’avait immolée, elle était maintenant libre de toute entrave. Elle, elle avait dû fuir sa maison en laissant les corps sans vie de ses parents. Elle n’avait jamais pu savoir ce qu’ils étaient devenus, car même dix ans après, les forces de l’ordre la recherchaient toujours, et P.U.R.E. aussi, et qu’aller chercher où avaient été enterrés ses parents la grillerait immédiatement. Elle ne pourrait jamais savoir où ils avaient été enterrés, ni si des gens venaient se recueillir sur leur tombe comme ils le méritaient, ni si des fleurs y étaient déposées. Elle ne savait rien. Lui au moins, avait une tombe où se recueillir.

C’est alors qu’elle tiqua sur la dernière phrase prononcée par Duncan. Surveiller le sien ? Régler leurs différends ? Elle regarda autour d’elle, cherchant une manifestation quelconque de son pouvoir avant de remarquer que ce petit capricieux était tout bonnement en train de lui bouffer le bras. Elle s’éloigna immédiatement le plus possible de son interlocuteur, sa main droite plaquée contre son bras cristallisé. Elle n’avait pas le droit de recommencer, elle n’avait pas le droit… ! Elle se tassa contre un mur et cacha sa faiblesse derrière un air énervé.

- Va-t’en ! Je ne veux plus te voir ! Sors d’ici !!

Qu'est-ce que je voyais ? C'était... Un sourire ? Pourquoi ? Parce que je m'emporte sur ce que je dis. Ou alors... Elle pense que je la hais. C'est ça ! Elle croit gagner cette manche mais je vais lui laisser croire jusqu'au bout et démystifier tout va juste avant sa victoire.
En plus de ça, son sourire se faisait toujours lors de mes propros les plus profond. Prend-elle plaisir à entendre la souffrance des autres ? Si elle pensait que je baissais dans son estime alors c'est la même chose pour moi.
Puis après ses dires,  je me demandais plutôt le ton qu'elle avait pris. C'était en rien ni sérieux ou joyeux. Ni apporté avec de la colère ou de la tristesse. Comme une réponse... Normale. Elle m'avait presque répondue normalement. Mais oublier mon passé... Je n'y pourrais rien. Cela est encore trop frais dans ma tête. Elle dit ça comme si ce genre de choses l'affecteraient pas plus qu'elle si c'était la concernée.

Attends... J'ai entendu un rire lorsque je parlais de ma petite amie ? Je rêve ! Elle a lâché un rire à ce moment-là ! Mais tu es qui pour faire ça ! Je t'ai écouté jusqu'au bout sans être désobligeant ou odieux et tu fais tout l'inverse ! Mais ququelle...  Ah ! C'est bon je vais me la farcir ! Qu'elle soit le chef ou pas, on respecte les...

Attendez. C'est moi ou son visage se décomposa à la vue de son bras. Sans prévenir elle s'éloigna de moi sans dire un mot. Du moins, elle me cria de sortir vite d'ici et de ne plus aller la voir. Elle rigole ou quoi ? Après ce qu'elle m'a fait, hors de question de partir. Non. J'ai une meilleure idée.

Je vais vers la porte et la ferme à clef. Pour plus de sécurité, je la fais fondre avec mon pouvoir. Comme ça, la seule sortie est la fenêtre qui d'ailleurs n'est pas ouverte. C'est ce que je décide de faire, laissant l'air frais de l'Asie envahir la pièce.
Puis d'un pas décidé et dynamique je vais vers Yasashi et la décolle du mur pour l'amener près de la fenêtre. De toute mes forces je la secoue pour qu'elle reprenne ses esprits.

"Tu vas arrêter de m'envoyer balader et de me répondre à chaque fois sur ce ton ! Ma mission de te protéger est finie depuis longtemps. Si tu t'es pas rendue compte, j'ai omis de dire que je voulais t'aider à voir la valeur de certaines choses. T'as beau jouer les airs d'une personne qui s'en fout éperdument,  tu me tromperas pas moi ! Alors resaissis toi et fais comme tu me l'as dis, c'est-à-dire d'oublier le passé. À moins que tu ne fais que mentir sur tes véritables ressentiments depuis mon arrivé ?"

Je la lâche parce que j'en avais assez de l'entendre comme ça, à s'énerver pour cacher sa tristesse. Pourquoi elle n'en parle pas à son second ? Lui qui est quasiment à ses côtés à chaque fois, il pourrait l'aider. Mais non on m'appelle moi. L'une des personnes que Yasa n'apprécie pas car je suis aussi entêté qu'elle.
Je posais mes mains sur le rebord de la fenêtre, regardant le paysage au loin. Des collines grandes voire des montagnes vertes s'y trouvaient. La rivière non loin de là était bleu comme le ciel et les forêts se trouvaient en masse dans cette région.
Je soupirais un bon coup avant de reprendre mes paroles.

"Tu sais, je suis pas doué dans ce que je fais depuis le début avec toi. Je veux juste comprendre comment tu agis. J'ai besoin de savoir qu'elle aurait été la possibilité que Yasashi aurait voulu faire ceci ou cela. J'ai bon fond. Mais si tu veux aucunement l'épaule de quelqu'un en qui tu pourrais avoir confiance, libre à toi de refuser la mienne. J'ai su dépendre de moi-même alors ça ne changera pas grand-chose. "

Je gardais mon regard à l'horizon. Je me pensais réellement à rien, juste à me détendre en voyant cet endroit si idyllique.

Elle semblait contente de voir le jeune homme avoir une réaction au rire qu’elle n’avait pas réussi à retenir. Il semblait vraiment énervé, sur le point de se battre, donc elle avait eu ce qu’elle voulait. Moins il l’aimait et plus elle avait de chances de ne pas le mettre en danger. Plus il la haïssait et plus elle se détestait. Et plus elle souffrait. Elle aurait pu subir la colère de son sbire – et elle aurait préféré la subir – si son pouvoir ne s’était pas manifesté.

Ce pouvoir avait gâché sa vie, et une fois encore il n’en faisait qu’à sa tête, étant en résonnance avec la colère de sa porteuse. Il avait déjà causé assez de mal comme ça et elle ne voulait pas qu’il en fasse à Duncan. C’est pour ça qu’elle s’était éloignée le plus possible de lui. En le voyant fermer la porte à clé, elle écarquilla les yeux ? Mais n’avait-il pas compris qu’elle cherchait à le protéger ? Elle cachait ça derrière un accès de colère, mais ça devait rester visible quand même !

Elle se laissa guider vers la fenêtre et secouer, sans broncher, prête à s’éloigner dès qu’il la lâcherait. Ce qui ne tarda pas d’arriver une fois qu’il eut fini sa tirade. Elle repartit donc immédiatement loin de lui, son bras libre tenant son bras cristallisé.

- Mais t’es complètement con ou quoi ?! Tu pouvais pas obéir sans poser de question pour une fois dans ta vie ?! Ton cerveau est pas assez développé pour comprendre quand t’es en danger ou quoi ?!

Elle se tassa dans son coin, ne le quittant pas des yeux. Si une chose était sûre, c’était qu’elle ne le laisserait plus s’approcher de lui, c’était beaucoup trop dangereux.

- Comprendre comment je fonctionne n’est pas difficile, je pense que tu as vu ce que ça donnait. Je suis dangereuse, alors arrêtez de tourner autour de moi comme des papillons autour d’une source de lumière ! Vous allez vous brûler ! Ce que je veux faire n’a pas d’importance, ce qui compte c’est ce que je peux faire, et en l’occurrence, c’est te protéger que je veux, mais mon pouvoir que je ne peux pas contrôler. Donc tu ferais mieux de t’en aller et de me laisser seule.

Le cristal avait cessé de progresser, mais il restait bien présent. La colère de la chef commençait à bien diminuer pour pouvoir faire face au danger que représentait son pouvoir. Elle ne comptait pas le laisser faire du mal à Duncan sans rien faire.

Après l'avoir secouée comme un prunier, elle repartait dans la direction où elle se situait. C'est sûr que ce que j'ai fait n'est en rien amusant ou drôle, mais elle a réagit, m'insultant au passage, disant que mon cerveau n'était pas assez intelligent pour calculer les risques de me faire tuer par elle.
Mais elle comprend pas que ça soit elle ou le groupe qui nous traquent, on est en permanence en danger ? S'ils le voulaient, ils nous lanceraient toute une armada dessus. Mais ils élaborent. Ils réfléchissent et prennent des décisions mesurées. Rien n'est pris sous le coup de l'impulsion émotive.
Je me devais de lui expliquer, surtout que son regard est posé sur moi.

"Ce n'est pas le fait que je comprends pas. J'en suis parfaitement conscient. Mais toi-même tu dois savoir qu'ici ou ailleurs on est jamais en sécurité. Les moyens de nos oppresseurs sont si inconnus qu'on pourrait commencer à prendre leurs menaces au sérieux. Ils veulent notre mort mais depuis longtemps, ils auraient pu tous nous supprimés. Alors pourquoi nous laisser en vie ? C'est l'une des seules choses sur laquelle je veux découvrir."

Toujours loin de moi, elle me parla. Mais dans le ton de sa voix, je voyais sa colère diminuée. Mais elle ne restait pas moins sèche sur certaines choses. Effectivement que quand tu t'énerves tu deviens dangereux. Mais pas seulement... Juste une instabilité émotionnelle suffit à faire des ravages. Je le sais que trop bien.
Attendez. Je me rends compte que maintenant qu'elle... Qu'elle avoue se préoccuper de nous à cause de son pouvoir. Mais en même temps elle ne veut pas qu'on tourne autour d'elle. Puis elle... Elle veut me protéger ? Moi ? A-t-elle un attachement particulier envers moi ? Peut-être qu'elle ouvre enfin les yeux.
De loin je lui souris et la regarde depuis la fenêtre. Je m'étais assis sur le rebord, mon corps tourné vers l'intérieur du bâtiment.

"C'est tout naturel pour toi de me prévenir. On dirait qu'avec toi, je vais devoir prendre des mesures quand tu te sens mal. Je ne voulais en aucun te déranger mais je voyais que quelque chose te portait au coeur. Tu as voulu en fait t'exprimer sur ton comportement mais tu ne savais pas par où commencer. J'ai été en quelque sorte ton coup de pouce. Pour ce qui est de m'en aller... "

Je revenais vers l'intérieur et vers Yasashi. Je m'approchais d'elle avec une confiance et un visage plutôt simple et normal moralement. Je lui tendais ma main droite.

"Donne-moi ta main cristallisée. Je vais te montrer quelque chose qui va te calmer. "

Je voulais juste montrer le contrôle que je dois exercer sur mon pouvoir, mais aussi une petite surprise après.

La cristalliste savait qu'ils étaient en danger a tout moment, elle le savait parfaitement. Et c'était exactement pour ça qu'elle ne devait pas être un danger pour les membres de son groupe. P.U.R.E la voulait vivante, mais se fichait des dégâts collatéraux, les espérant même.
Pourquoi P.U.R.E. n'avait pas encore exterminé tous les descendants ? Parce qu'ils ne le pouvaient pas. Les descendants possèdent un avantage considérable en la présence de leurs pouvoirs et même si l'humanité a réussi a détruire les premiers êtres, leurs successeurs étaient bien plus nombreux. Mener un assaut massif les pousserait a se regrouper, devenant bien plus dangereux. Mais ils finiraient par en arriver là, c'était inévitable.

- Ils veulent éviter les trop grosses coalitions. Nous, nous sommes embêtants. Mais encore gérables. Recevoir une union de tous les descendants sur le coin de la figure ne leur serait pas favorable. Mais ils finiront par le faire.

Comme a chaque fois qu'elle parlait de choses sérieuses, elle avait repris son ton neutre et inexpressif. C'était le plus adapté a ce sujet. Elle soupira, quittant son moment de colère et de faiblesse.

- Je ne suis pas quelqu'un que tu pourra analyser si facilement Duncan. Je refuse que mon pouvoir blesse de vous, donc la prochaine fois que je te demande de partir, tu seras prié d'obéir sans discuter.

Elle l'avait bien vu s'approcher, mais sa colère s'étant calmée, elle ne craignait plus une action de son pouvoir. Elle allait d'ailleurs le faire disparaitre lorsqu'il lui demanda de lui donner sa main. Elle le dit, intriguée, se demandant ce qu'il avait l'intention de faire.

Lorsque j'évoquais le fait que notre sécurité n'était pas si réelle, elle me regarda avec toute l'attention nécessaire. Je pense qu'elle m'écoutait pleinement. Mais elle aussi avait conscience du danger qu'on courait. Elle précisa tout de même que nous ne serions qu'un réel danger si tous les descendants et aussi les Alon disponibles seraient sous une même bannière. A partir de là P.U.R.E. considérerait la menace au sérieux.

Puis, elle m'expliqua de sa voix neutre et sans expression ce qu'il en était entre moi est elle. Elle avait soupire un peu avant mais elle parla du fait de l'obéir quand elle me demande mon départ. Elle ne voulait pas me blesser, du moins, qui que ce soit. Vouloir être aussi seul... Cela me rappelle mes débuts après mon drame.

"Je comprends bien Yasashi. Excuse moi pour mon insubordinnation. Je te promets quand tu me le demanderas, je ferai ce que tu m'ordonnes."

Je me sentais un peu honteux de mon acte mais fier de l'avoir fait tout de même. Je me devais de le faire sans quoi je n'aurais pas compris ce qu'elle est un peu.
Lorsque je me trouvais devant elle, la chef me demanda ce que je voulais faire avec sa main et la mienne.

"Rien de méchant. Juste te montrer que mon pouvoir n'est pas qu'une expression de force brut. "

Sans attendre je pris sa main cristallisée dans les miennes. Puis je déclenchai mon pouvoir. Les flammes sortaient à partir de mon épaule pour parcourir le long de mes bras. Puis peu avant l'arrivée au niveau des mains, je me concentrai dessus pour éviter que les flammes ne soient trop agressives. J'ai pu réaliser ce que je voulais: les rendre inoffensives.

Elle se trouvaient au niveau de nos deux mains. Ces flammes bleues qui restaient immobiles à cet endroit, réchauffant mes deux mains. Je le regardai avec un sourire avant de lui parler sur un ton plus joyeux.

"C'est quelque chose que j'ai appris au départ. Ça paraît simple mais cela demande une bonne dose d'entraînement et de concentration. Et puis, ça réchauffe les mains."

Cependant cela me rappelait un peu ma vie avec elle. Elle adorait quand je réchauffais ses mains l'hiver. Elle trouvait souvent refuge dans mes bras car je n'avais jamais froid. Je dégageais tellement de chaleur qu'un chauffage n'était pas nécessaire d'être mis.

La chef observa son sbire, silencieuse. Elle n’aurait jamais dû s’ouvrir autant à lui, il est toujours plus facile de s’éloigner d’un monstre sans cœur que d’une femme qui n’a qu’un désir, protéger les autres. Mais c’était fait et elle n’avait pas le pouvoir de revenir en arrière. Et puis au moins… Elle ne l’avait pas blessé, ce qui était une très bonne chose. En plus il s’excusait. Bon, elle ne savait pas s’il serait capable de tenir sa promesse, son entêtement étant légendaire, mais c’était un bon début.

Elle le regarda prendre sa main, sans rien dire. En soi, bien qu’il croie le contraire depuis le début, elle avait confiance en lui. Bon, pas au point de lui confier sa vie non plus, mais elle savait qu’il ne lui voulait pas de mal. Elle observa les flammes, sans broncher, ressentant la douce chaleur, même à travers le cristal. Ecoutant les paroles de Duncan, elle retira lentement sa main, ne le brusquant pas. Le cristal de son bras se tassa pour prendre la forme d’un serpent qui se dressa sur son bras et devint un oiseau de cristal transparent qui vint se percher sur l’épaule de Yasashi. Elle tendit la main et alla lui gratouiller doucement le dos pendant qu’il rentrait la tête et ouvrait légèrement les ailes, aimant ça.

- Si seulement tout le monde maitrisait son pouvoir comme toi, P.U.R.E. ne pourrait rien vous faire…

Je voulais montrer un autre aspect de ce qu'on est. Les humains, endoctrinés par la propagande de P.U.R.E., nous croient tous comme des tueurs sanguinaires, aux pouvoirs horrifiants et démesurés, capable de ravager des villages et villes entières. Or, nous sommes... Du moins, nous étions pour la plupart comme eux. On avait eu une vie, puis un jour, tout a basculé. On n'est pas devenu des monstres, mais plus comme des "mutants", des gens qui sortent de l'ordinaire. Je dirai que le terme de bio-terroriste marcherait. Même si les Alon sonnent mieux à l'oreille.

Puis, elle retira sa main de mon étreinte chaude des miennes, pour former avec son cristal restant, un serpent au départ, qui peu à peu, déploya ses ailes et devint un oiseau. L'art de créer, de modifier et d'améliorer à sa guise. On en pourrait faire un slogan, ou une phrase de motivation, qui incite les gens comme nous à nous rejoindre, comme un refuge. Mais pour ça, il faut que j'en parle avec elle.
Après avoir formé sa création bien surprenante, elle le caressa. J'aurai cru voir l'esquisse d'un sourire. Puis, elle me dit qu'elle aimerait voir plus de gens comme moi, les traqueurs nous laisseraient vivre. Cependant...

"J'aimerai moi aussi. Mais, beaucoup de conditions font que peuvent réussissent. Beaucoup succombent au désespoir, ou à l'appel du sang. Voir qu'on a un pouvoir capable de détruire ce que l'on souhaite par simple volonté, ça fait très peur au départ. Toi, tout comme moi ou bien d'autres, nous n'avons pas prévu qu'un jour, nous deviendront comme ça. Avec le temps, on s'y fait, en quelque sorte. Certains y perdent un peu leur humanité, d'autres pas. Tout dépend de la mentalité et de la capacité à relativiser. Je dois donner l'exemple. Nous sommes tous les deux des modèles, comme la plupart des seniors qui sont ici. On doit leur montrer que la violence n'est jamais la solution première, même si je suis le premier à dire ça."

Je me sentais un peu mal de dire ça, mais c'était vrai. On reçoit peu de novices très stables, et se retrouve souvent à jouer les psychologues qu'aux instructeurs. Même si certains ont déjà vu l’œuvre de mon pouvoir : réduire en cendres et fin de l'histoire. C'était à peu près ça.

"Et puis... Quand l'un des nôtres a commencé à tuer, ça n'a fait qu'enclencher un mécanisme, qui est très difficile à stopper. Le meilleur qui reste à faire, c'est de rester en-dehors de tout, et de rester le plus discret possible."

L’aigle qui était sur son épaule rappelait tellement de souvenirs à Yasashi. Lorsqu’Alyanne existait encore, ses parents lui avaient demandé de ne jamais montré son pouvoir pour qu’elle ne se mette pas en danger. Cependant, la petite s’autorisait à utiliser son don à l’intérieur de la maison, créant toutes sortes de choses. Sa mère avait toujours aimé qu’elle crée des oiseaux, surtout les plus majestueux. L’aigle avait toujours été son préféré. Son père, lui, préférait les reptiles, d’où le serpent. Mais Alyanne était morte à la naissance de Yasashi. Les deux ne pouvaient cohabiter et c’était la première qui avait disparu aux yeux du monde. Donc la jeune femme n’avait plus le droit de se perdre ainsi dans ses souvenirs.

- Tu sais, je suis loin d’être un modèle. J’ai tué un grand nombre de membres de P.U.R.E., bien plus que ce que vous ne pouvez penser. Je fais partie de ces gens violents que tu cites et je suis la cause de la mauvaise réputation d’Alon et des Descendants.

Elle n’avait fait que se défendre lorsqu’on venait essayer de la capturer ou de la tuer, mais P.U.R.E. avait toujours tourné ça à son avantage pour la faire passer pour une brute meurtrière. Elle ne voulait pas faire de mal, mais ses adversaires étaient bien trop déterminés.

Elle releva la tête vers son oiseau et celui-ci prit son envol avant d’exploser en une pluie de poussière de cristal qui disparut avant de toucher le sol. Elle quitta le coin de la salle et remit la chaise en place, bien devant le bureau. Elle se rassit dessus et continua.

- Bref, le sujet est clos pour le moment. J’aimerais pouvoir continuer mes études. Tu peux aller rassurer mon cher second sur ma présence ici. Tu ajouteras que la prochaine fois, au lieu d’envoyer un larbin, qu’il ait au moins le courage de ramener ses fesses. Qu’il assume un peu son rôle celui-là au lieu de déléguer.

Le fait de voir cette créature chimérique qu'a créée Yasashi me rappelle qu'on est disponible sous plusieurs formes, plusieurs humeurs, et que tout dépend d'un contexte. Pour la première fois, je la voyais sereine et détendue. Peut-être a-t-elle compris comment se relâcher un petit peu.

Elle me dit ensuite qu'elle n'était pas si innocente qu'on le prétend, qu'elle aussi avait tué un bon nombres de puriste.  Elle expliqua dans la suite qu'elle faisait partie des premiers meurtres avec les Alon et les Descendants. Ceux-là, je ne sais pas pourquoi, mais certains d'entre eux sont dangereux. Non pas seulement pour les humains mais pour tout le monde. Si certains sont encore dans cet activité sanglante, on ne pourra jamais avancer. Mais de là à vouloir se rendre responsable de tous les événements, je reconnais bien notre chef. Elle cherche bel et bien à nous rendre la vie plus facile. Est-ce une façon pour elle d'expier ses fautes ? Qui sait...

"Moi non plus. J'ai beau faire de grands discours sur comment se comporter dans la suite des événements, mais j'en ai tué un bon nombre. Ce qui m'énerve le plus, c'est de voir certains lobotomisés par leurs idéaux. Du coup, ils nous attaquent sans réellement jauger notre force. Et de devoir les tuer pour me protéger, j'en ai plus qu'assez."

Puis son oiseau s'envola pour disparaître sous une forme de pluie poussièreuse de cristal. Le spectacle devrait être vu par tout le monde. On pouvait voir ici que nos pouvoirs ne sont pas qu'un outil de destruction, mais comme un "cadeau" qui nous devait d'être utilisé avec parcimonie etu bonté.
Puis elle se leva, s'éloignant de moi pour prendre la chaise, et s'asseya dessus. Elle me dit que note conversation était terminé, ainsi que mon travail. Elle me demanda d'aller rassurer son second de la situation, et que la prochaine fois, que c'est à lui de faire ce que j'ai fais, et pas quelqu'un d'autre. Il est vrai qu'il s'était un peu défilé celui-là. Quand il s'agit d'affronter Yasashi, il est le premier à fuir.

"Pas de problème. Dans ce cas, je m'en vais lui dire maintenant."

Je me levais de mon coin et me dirigeais vers la porte. Je demandai à ce que la porte doit s'ouvrir. Les deux seuls personnes qui gardaient la porte l'ouvrirent. Sans réfléchir, je passais le pas de la porte. Puis avant de partir réellement, je me retournai vers Yasashi,  là où elle s'était assise.

"Au fait, ça a été un plaisir de te parler. Je tâcherai la prochaine fois d'être un peu plus doux. Mais aussi, je vais t'appeler Yasa. C'est plus rapide à dire et c'est en aucun de l'affection. Juste quelque chose de plus utile pour moi."

Puis sur ces mots, je descendai pour arriver au niveau des chambres. J'avais un petit somme avant de repartir au QG général. J'aime pas dormir dans les transports et surtout, parce que je dois rester le plus éveillé possible si on venait à lancer un assaut sur nous. Peut-être que je m'inquiète aussi. Allez c'est n'est pas tout mais le repos s'impose.
Je me mis directement sur le lit et fermai les yeux.
Yasashi... Toi comme moi, on espère que les choses vont aller en s'améliorant. Mais je n'espère pas trop. Ne vas pas à faire des choses insensées ou à te sacrifier. On arrivera à rien si celle qui nous guide disparaît.

Lobotomisés… Oui, c’était un mot qui convenait assez bien aux membres de P.U.R.E. Elle n’avait jamais compris le comportement qu’avaient les humains face aux descendants. Elle savait que leurs pouvoirs pouvaient s’avérer dangereux, mais on ne pouvait pas dire que P.U.R.E. avait été créé pour ça au départ. L’humanité avait attaqué les Premiers Êtres sans la moindre raison et ils s’en étaient ensuite pris aux premiers enfants qui montraient une forme de don. Des enfants ! Yasashi doutait qu’ils aient eu une attitude agressive. Ce n’était que la jalousie qui avait motivé la création de l’organisation. Enfin bon, elle avait déjà essayé de les faire réfléchir, ça n’avait rien donné de très concluant.

Elle sourit intérieurement. Imaginer la réaction de son second aux paroles de Duncan semblait beaucoup l’amuser, mais elle n’en laisserait rien paraitre. Elle se doutait qu’il n’allait pas vraiment apprécier et c’était exactement ce qu’elle voulait. Elle savait qu’elle exagérait un peu, mais bon… Il avait beau déléguer énormément, surtout en ce qui la concernait, elle était consciente de tout ce qu’il avait fait. Il avait beaucoup donné, surtout dans la création du groupe qui n’aurait jamais existé sans lui. Il lui avait un peu forcé la main et c’était ce qu’elle lui faisait payer sur la durée.

Elle regarda Duncan partir, un peu soulagée. Elle allait enfin pouvoir arrêter d’être celle qu’elle devait être pour laisser la place à celle qu’elle était. Yasashi laisserait la place à Alyanne. Ce moment était rare et n’arrivait que lorsqu’elle était seule. Elle soupira en entendant les paroles de son sbire. Il y tenait à son idée de surnom ! Cependant, elle ne réagit pas , le laissant partir sans avoir relevé le surnom.