Des retrouvailles attendues

J'observais autour de moi, silencieuse. J'étais particulièrement calme aujourd'hui, comme quoi, rien que savoir quel jour on était était capable de calmer mon caractère fougueux. Ce jour, je l'attendais plus que n'importe lequel. J'étais même encore plus à attendre ce jour que je l'avais été à attendre celui où je tuerais mes parents. Le second était arrivé et là, j'allais enfin retrouver alrick. C'était pour cela que j'étais presque calme. Enfin surtout calme par rapport à d'habitude.

J'étais assise sur un muret, ayant une très belle vue sur cette place qui avait tant de signification pour nous. C'était là qu'on s'était rencontrés, là aussi qu'in s'étaie séparés. Et là qu'on allait se retrouver. J'étais en avance, silencieuse et pensive. Je me demandais comment ça allait se passer. Avait-il changé ? Que lui était-il arrivé pendant ces trois ans ? Pensait-il toujours à moi ? J'allais avoir les réponses à ces questions quelques dizaines de minutes plus tard.

Je n'avais pas fait attention, mais un groupe d'hommes s'approchaient de moi. Enfin, il serait plus juste de dire que je les ignorais. Je n'en avais rien à faire d'eux, ils ne m'intéressaient pas. C'est lorsqu'ils m'encerclèrent que je me rendis vraiment compte de ce qu'il se passait. Celui qui semblait être leur chef prit la parole.

- Alors ma jolie, on est toute seule ? Tu veux t'amuser avec nous ?

Je levais un œil meurtrier vers lui avant de l'observer, glaciale. Ils étaient saouls, c'était évident. Sans déplacer mes yeux de sa minable personne, je daignais leur adresser la parole.

- Cassez-vous.

S'avançant encore, il semblait mal prendre mes paroles. Dommage pour lui.

- Eh calme-toi connasse, ou c'est nous qui allons te calmer !

Je levais les yeux au ciel, passant ma main dans mon dos, faisant apparaître un flingue. Lentement mais sûrement, je le pointais vers sa tête, répondant froidement.

- J'ai dit : Cassez-vous.

Ils furent pris de terreur en voyant l'arme dans mes mains et commencèrent à reculer.

- Oh putain elle a une arme !
- Oui, tu ferais mieux de dégagez vite fait avant que ta sale gueule me donne envie de m'en servir !

Ils semblaient terrifiés et c'était plutôt amusant à voir. J'avoue que je faisais souvent cet effet quand j'étais énervée, ça se voyait dans mes yeux que je ne rigolais pas. Je ne rigolais jamais.

Toujours assise sur mon muret, l'arme à la main, mon bras appuyé sur mon genou, j'observais cette bande de crétins, envahis par la peur. Nan mais ils avaient cru quoi ? Qu'ils allaient pouvoir s'amuser avec moi sans que je fasse rien ? Que j'allais me laisser faire ? Quelle bande de cons ! Maintenant c'est moi qui allais m'amuser à leur défoncer la tête s'ils ne bougeaient pas un peu leur cul de devant moi.

J'entendis siffler mais avant que je ne lève les yeux vers l'homme qui venait de le faire, les abrutis se mirent à gigoter dans tous les sens. Je haussais un sourcil, les observant faire avant d'exploser de rire. C'est qu'ils étaient comiques ces bouffons !
Je m'arrêtais brusquement de rire pour prendre un air très sérieux et sauter de mon muret, prenant le chef par le col et le secouer comme un poirier.

- Eh trou d'uc ! Je vois encore vos sales gueules et je suis toujours armée !

Sans surprise, il détala sans demander son reste, ce qui me fit bien rire. Un homme s'approcha de moi et j'arrêtais immédiatement de rire, le fixant avec attention. Il posa sa main sur mon épaule, souriant en coin. J'avais déjà des doutes sur son identité, mais la phrase qu'il prononça ota toute hésitation de mon esprit. Cette phrase, c'était celle qu'il avait prononcé lors de notre rencontre... Il est vrai que la situation était vraiment similaire, même si, cette fois-ci, aucun de nous ne s'était pris de coup, et que ça avait été bien plus amusant ! Faisant disparaître mon arme d'un geste, je lui sautais dessus pour lui faire un câlin.

- Alrick !

Je le lâchais pour lui tourner autour, l'observant sous toutes les coutures. Il avait grandi ! Bon, j'avoue que j'avais bien changé moi aussi ! A me comparer à ce dont il devait se souvenir, il avait dû être surpris ! Mes cheveux avaient bien poussé durant ces trois ans, ma poitrine aussi d'ailleurs. Et je pense qu'il n'aurait jamais imaginé que je puisse porter ce genre de tenue aussi !

- Je savais que tu viendrais ! Tu m'as manqué ! Alors, qu'as-tu fait pendant ces trois ans ? Raconte-moi tout !

J'étais si heureuse ! Le moment de notre séparation m'avait énormément couté. On ne peut pas rayer ainsi plus de dix ans de vie en commun, dix ans d'amitié... Pourtant on l'avaient fait, sans la moindre hésitation, sans le moindre doute. L'un comme l'autre savions que l'autre serait au rendez-vous, et ce fut bien le cas. Il était là et c'était la raison pour laquelle je considérais ce jour comme le plus beau de ma vie. Quoi, vous allez me dire que je suis amoureuse de lui ? Franchement ? J'y ai jamais réfléchi. Nan nan, je suis sérieuse. Et puis de toute façon, ça vous regarde pas ! Nan mais oh ! Vous vous prenez pour qui ?! Enfin bref.

Je me laissais entrainer vers le café, souriante. J'aurais même pu le suivre les yeux fermés. C'est fou comme la confiance peut même survivre à la distance et au temps. C'était une des choses que j'avais le plus crains... Que notre amitié s'effrite et que je n'arrive plus à lui faire confiance comme avant. Mais ça ne semblait pas être le cas. A vérifier avec le temps. Je réfléchissais en même temps à la réponse que j'allais donner. Comment j'avais fait ça ? Ouais, c'était une bonne question ça. J'aurais peut-être dû faire ça de façon discrête moi, non ? Ouais nan, je m'en foutais en fait, j'avais une confiance aveugle en lui, je pouvais tout lui dire.

- Evidemment que je te raconterai ! Et ça... Disons que c'est une faculté que j'ai remarquée quand mon connard de père a détruit l'épée que tu m'avais offerte. Il ne refera jamais la même erreur.

Je jouais avec le flingue que je venais de faire apparaître à nouveau, le regard plus meurtrier que je ne l'aurais pensé, observant un silence glacial. Non, ça c'était sûr, il ne recommencerait jamais. Et il ne serait plus non plus assez égoïste pour laisser tomber sa propre fille plutôt que de se livrer. Sa mère non plus.

Toujours aussi prudent hein ? Je fis un grand sourire. Ouais, je sais, avant je devais pas sourire autant, mais il faut dire qu’avant, j’avais mes bouffons de parents qui arrêtaient pas de me taper sur le système. Maintenant, j’étais libre ! Et ça faisait un bien fou ! C’était pour ça que j’arrivais enfin à sourire honnêtement. Ceci dit, il n’y en avait qu’un qui y aurait droit. Personne d’autre. Pour ce qui était des armes, je fis disparaitre la mienne, sans pression, avant de le regarder.

- Mes parents aussi avaient des capacités surnaturelles. C’est à cause de ça que ma petite sœur est morte. Parce qu’ils ne les assumaient pas. Alors les gens peuvent être jaloux, avoir peur, me vouloir du mal à cause de ce pouvoir, je m’en contrefous. J’ai ce pouvoir et je l’assume.

J’avais parlé assez brutalement, j’en convenais, alors qu’il ne faisait que s’inquiéter pour moi… Mais je refusais d’être comme mes géniteurs. Mon air énervé se calma immédiatement en voyant arriver les commandes. Café pour lui, évidemment, mais surtout, chocolat chaud ! Je me mis à sourire niaisement, un peu comme un chaton, regardant le chocolat posé devant moi avec envie. Qu’est-ce que j’adorais ça ! Le serveur repartit et je vins tremper mes lèvres dans le chocolat chaud, toute contente. Je me stoppais brusquement et m’appuyais sur le dossier de ma chaise, croisant les bras en faisant la moue. C’était pas chaud ! C’était tiédasse ! Un chocolat chaud c’est censé être chaud !! Je ne bougeais plus d’un poil, fixant ma tasse d’un air mauvais.

Juste après avoir parlé, je baissais les yeux… La réaction d’Alrick m’avait confirmé que j’avais parlé sans faire attention… Nous avions tous les deux été terriblement marqués par les évènements, mais je me doutais que lui l’avait été particulièrement. Je n’avais jamais été amoureuse, mais lui si. Et Lily était donc quelqu’un de très important pour lui. Je serrais les dents en revivant la scène dans ma tête. Jamais je ne pourrais oublier, jamais… Mes ongles s’étaient plantés dans la peau de ma paume, silencieusement, pendant que j’essayais de reprendre une certaine assurance pour cacher ma souffrance.

- Alrick… Ce qui s’est passé ne se reproduira jamais. Jamais je ne laisserai à nouveau quelqu’un faire du mal à la personne à qui je tiens le plus, c’est-à-dire toi. Jamais. Et il ne m’arrivera rien. Mais ne t’inquiètes pas, je fais attention en utilisant ce pouvoir Enfin un peu !

Je sautais sur le chocolat qu’il venait de mettre dans ma tasse, reprenant une tête de gamine toute contente. J’avais toujours adoré son chocolat et il n’avait pas changé d’un pouce ! Le dégustant douuucement, je le fixais en plissant les yeux.

- Alors, tu m’as pas raconté ! Je veux savoiiiiiiir !

Mes yeux pétillaient de curiosité, l’observant toujours, le menton posé sur la table, le nez au dessus de ma tasse de chocolat.

C’était drôle, il avait vraiment pas perdu ses habitudes. Cette manie de me caresser les cheveux pour me rassurer, il l’avait toujours eue, et ça me rappelait tant de souvenirs… Ses paroles, par contre, me figèrent sur place. Il avait vraiment promis ça à Lily ? Ma petite sœur lui avait vraiment demandé ça ? Désespérée, je revoyais la relation que j’avais eue avec elle. A peu près la même qu’avec mes parents… Qui aurait cru que cette sœur à qui je montrais si peu d’affection avait demandé à ce qu’on me protège ? J’en avais les larmes aux yeux. Si seulement on pouvait retourner dans le passé…

- Je…

Là, je ne savais vraiment pas quoi dire. Et c’était très rare ! Je crois qu’Alrick avait toujours été le seul à réussir cet exploit. Ceci dit, j’étais contente de changer de sujet ! Je l’écoutais en reniflant mon chocolat, toujours le menton appuyé sur la table, attentive. Il avait l’air d’avoir vécu trois années bien plus passionnantes que les miennes.

- Les arts martiaux ? Tu sais te battre alors ! C’est claaaasse !

Je me relevais légèrement pour continuer à déguster ce succulent chocolat, toute contente.

Je souriais tendrement, c'est vrai que maintenant je n'était plus le pauvre gamin qui prenait des coups comme par le passé, maintenant je savait me battre et j'était même plutôt doué dans cet art, également j'ai prit pour habitude de toujours garder le cadeau de Syla sur moi, bien à l'abri dans mon dos entouré d'un grand morceau de tissu bleu foncé. Bien que...je me suis toujours demandé comment elle a pu se procurer pareil arme, tient j'allais en profiter pour lui poser cette question car sans mentir depuis que je l'ai reçu cela m'intrigue !

- Oui maintenant je sais me battre ! il fallait que j'apprenne pour protéger ceux qui me sont chers et puis je porte toujours ton cadeau sur moi d'ailleurs, j'ai aussi appris à l'utiliser et je me suis toujours demandé, d'ou te venais ce trident ? comment est-il arrivé dans tes mains ?

Je la voyais déguster joyeusement son chocolat, sa faisait du bien de la voir sourire et détendue, elle avait vraiment changer mais en même temps...c'était toujours la même, pour moi c'était difficile à l'expliquer. Puis je me suis attardé sur ses habits et j'ai remarqué qu'ils étaient vraiment très spéciale, ce n'est pas le commun des gens qui s'habille ainsi.

- Et d'ailleurs, ou as-tu eu cette tenue ? c'est pas un peu trop voyant pour la ville ?

Je souriais et croisait les doigts, les coudes posés sur la table en faisant toujours mon habituel sourire en coin.

Je n’avais évidemment pas loupé le fait qu’il avait toujours le trident que je lui avais offert, et ça me rendais triste de ne plus avoir l’épée qu’il m’avait offerte… Une bouffée de colère monta en moi, mais son sourire la calma avant même qu’elle ne fasse surface, la faisant fondre comme neige au soleil. C’était vraiment fou ça !

- Moi aussi j’ai appris à me battre et à utiliser l’épée que tu m’as donnée, même si je ne l’ai plus maintenant… Et ce trident, j’sais pas, il était chez mes parents. J’l’avais toujours trouvé classe alors je te l’ai donné. Ils m’ont bien fait chier pour ça d’ailleurs ! Bande de cons… !

A ses paroles, je baissais les yeux sur mes vêtements. Bien sûr qu’ils étaient voyants, c’était le but premier. Je laissais échapper un rictus en me rappelant pourquoi j’avais commencé à mettre ça. Ben en fait, un jour, mes parents m’avaient énervée, donc j’étais sortie en claquant la porte. Après avoir marché un moment, j’étais passé devant un magasin qui vendait des vêtements excentriques. J’avais trouvé un moyen de les faire bien chier, donc j’avais acheté plusieurs tenues de ce style et j’étais rentrée avec. Si vous aviez vu leur gueule ! Et finalement, je m’y étais habituée.

- ça ? Je l’avais achetée pour emmerder mes géniteurs, ça avait tellement bien marché que j’en ai été morte de rire pendant deux jours ! Et c’était le but que ça se voie. Mais c’est plutôt confortable et pratique en fait tu sais !

Je laissait échapper un petit rire suite à ce que me disait Syla, après tout c'était bien drôle ! Il est vrai que d'aussi loin dont je me souvienne, elle avait toujours aimait contrarier ses parents, c'était une sorte de crise d'adolescence. Mais de ce qu'elle m'en avait dit, les parents de Syla étaient réellement d'horrible personne aussi je pense qu'ils ont méritait leurs sorts, je réfléchissais un instant puis une idée me vint à l'esprit.

- Syla ? tu as toujours les fragments de l'épée que je t'avait offerte ? Même si elle est détruite et tu a vraiment l'air d'y tenir encore, on peut essayer de la réparer, je connais un armurier qui pourra accomplir cet exploit je pense, qu'en dit-tu ?

Je souriais doucement, puis je prit la décision de me lever et de lui tendre la main. Après tout, on avait bien bavarder, on avait également bu quelque chose de chaud, il était temps pour nous de nous amuser un peu ! La ville regorgeait de coins amusant et j'avais un véritable plan pour nous amuser, il fallait tout d'abord réparer cette épée, j'ignorais encore si elle avait toujours les fragments de l'arme en question, et à dire vrai il me tardait d'arriver à l'étape deux du plan : "Amusons-nous ! " c'est-à-dire l'emmener au parc d'attraction évidemment !

- On va un peu se balader ? j'ai une grande idée pour qu'on s'amuse un peu, que dirait-tu d'aller avec moi au parc d'attraction à la sortie de la ville ? Ne t'en fait pas, je ne mord pas !

J'esquissais un clin d'oeil à mon amie et je riais doucement, toujours la main tendue attendant sa réponse et espérant évidemment que celle-ci soit positive !

Je baissais la tête en entendant les paroles d'Alrick. Les fragments de l'épée... Il n'y en avait pas... Quand je disais que mon père avait détruit l'épée, c'était vrai, il l'avait pulvérisée. Jamais plus je ne pourrai l'avoir... Je serrai le poing, énervée, mais me calmais instantanément en voyant le sourire d'Alrick. Ça ne servait à rien que je m'énerve, ils avaient payé de toute façon. Je pris alors sa main et me levais avec lui, répondant à sa question.

- Non... Ce bouffon a complètement atomisé ton épée... Mais je veux bien aller m'amuser ! On pourra taper des gens au parc d'attraction ?

Je le regardais avec des yeux emplis de joie, comme une enfant de huit ans à qui on vient d'annoncer qu'elle va aller à DisneyLand. Ouais, moi franchement on me propose ça, je dis oui pour aller faire pleurer toutes les gamins en leur déchirant leurs robes et costumes, mais je suis un cas à part ! Toujours était-il que, avec Alrick, j'aurais dit oui à tout ! Surtout maintenant qu'on s'était retrouvés !

Je voyais Syla qui commençait à s'énerver, mince...j'avais peut-être parler d'un sujet sensible ! Raaah ! quel débile j'était...mais bon j'avais trouver les bons mots et surtout je savait quoi faire dans ce genre de situation après tout j'était assez entreprenant et mon but n'était que de la calmer afin d'éviter que sa colère ne cause des ravages plus important. Ainsi à l'instant ou elle prit ma main, je l'ai légèrement tirer contre moi et je l'ai ainsi serrer dans mes bras, passant ma main sur sa tête dans l'espoir de la calmer parlant toujours de ma voix calme.

- Calme toi...calme toi, tout va bien se passer d'accord ? on va aller s'amuser au parc d'attraction, prendre pleins de photos souvenirs et on va manger des tas de bonnes choses d'accord ? Rien ne viendra perturber cette belle journée je te le promet.

Puis je me décalais légèrement et prit la route vers le parc d'attraction le plus proche sans lâcher sa main. L'ennui...c'est que le parc d'attraction le plus proche était également assez éloigné ! Mais je n'allais pas me laisser abattre, je connaissais un arrêt de bus qui conduisait directement vers le dit parc en question, oh rassurez vous ce n'était pas un grand parc ! mais plutôt un petit parc avec quelques manèges plus ou moins touristique. J'en profitais alors pour marcher dans la rue, main dans celle de Syla, la connaissant je savait qu'elle pouvait se perdre ou se laissait distraire ! c'est sa capacité spéciale d'électron libre après tout.

- La ville a tellement changé, tout est tellement...moderne ! Ah ! voilà notre bus vite !

J'accélérais le rythme et je me mit à courir et de justesse j'était dans le bus avec Syla ! la porte se ferma sur moi, un peu plus et ont rataient le bus ! mais l'important c'est qu'on à pu l'avoir, je faisais signe à Syla qu'il restait deux places, j'essayais d'avancer en leurs directions mais...je m'aperçu alors que mon trench-coat était bloqué dans la porte du bus, j'écarquillais les yeux.

- Eh merde ! quelle Poisse !

La poisse...surement la seule personnalité féminine qui m'appréciait autre que Syla.

Alors que j'avais répondu que l'arme qu'il m'avait donnée était complètement détruite, je le sentis me tirer contre lui. Me laissant faire, surprise, je rougissais légèrement. Ça faisait tellement longtemps qu'on ne s'était pas vu, je n'étais plus habituée à être si proche d'un garçon... C'était Alrick, je le savais bien, mais c'était assez perturbant. Il faut dire que ces trois dernières années, j'avais passé mon temps à faire fuir tous ceux qui m'approchaient, avec mon caractère bien pourri. J'eus donc un moment de latence, figée, puis me blottis contre lui, comme pour rattraper le temps que nous avions passé séparés.

- D'accord !

Je le laissais m'entrainer, sans lâcher sa main. Le connaissant, si je l'avais lâchée, il aurait eu peur que je me perde. Comme si j'étais comme ça moi... Je vivais ici depuis ma naissance quand même !! Bon, j'admets que j'ai souvent tendance à partir à droite à gauche pour voir ceci ou cela, mais bon... Oui, d'accord, je l'aurais perdu de vue ! Pas de quoi en faire tout un plat !! Je fis une petite moue discrète qui disparut rapidement.
Je montais dans le bus devant lui, avançant en l'attendant. Lorsque je vis qu'il ne suivait pas, je me retournais pour le voir se battre pour décoincer son vêtement de la porte du véhicule et j'éclatais de rire, n'arrivant pas à me contenir. Au bout d'un moment, après avoir essuyé les larmes qui s'échappaient de mes yeux, je me rapprochais, venant l'aider en faisant une petite moue désolée de m'être fichue de lui.

J'était véritablement coincé dans la porte de cette saloperie de bus ! Oui cette fois je parlais mal , intérieurement je perdait mon calme légendaire mais extérieurement je ne laissais rien paraître, je tenais à ma réputation quand même ! Mais je voyais Syla totalement morte de rire, j'aurai pu bouder mais je ne le faisais pas, la voir rire était un réconfort pour moi, elle mettait son fou de rire de côté pour m'aider et quelques minutes plus tard on était parvenu ensemble à dégager mon manteau, enfin c'était pas trop tôt ! Je voyais la réaction de Syla et je souriait en coin en lui mettant une pichenette sur le front.

- Allez , boude pas ! c'était drôle, tu as eu raison ! allons nous asseoir maintenant d'accord ma belle ?

Je souriait en coin et tira la langue doucement, tandis que je prenais Syla par la main j'avais repérer deux places au devant du bus, généralement ces places la ne sont pas prises mais je savait que le transport menant au parc à thème ne tarderait pas à se remplir, puis quelque chose me vint à l'esprit alors que...le moment était déjà passer ! Je regardais Syla doucement et je penchais la tête sur le côté.

- Syla ? au faite , je suis surpris, tu ne m'a toujours pas demandé ce que j'avais fait à mon oeil droit pour devoir porter ce cache-oeil, ta curiosité légendaire serait-elle en sommeille ?

Je souriait encore en coin et je lui ébouriffais doucement les cheveux.

Enfin, on avait réussi à décoincer son manteau de la porte, et sans l'abîmer en plus ! Je suis sûre qu'il n'aurait pas apprécié qu'on l'abîme, il fait toujours très attention à sa tenue mon petit Alrick ! Il avait toujours été comme ça et ça faisait son charme. Et ça lui allait bien aussi. Ce qui était moins bien, c'était la pichenette que je reçus sur le front. Ça faisait mal ! Je fis une petite moue boudeuse avant de faire un grand sourire.

- D'accord !

J'allais m'asseoir contre la fenêtre, gardant mon sourire radieux en regardant le paysage défiler. Je commençais à me perdre dans mes pensées lorsque je l'entendis prononcer mon nom. Je tournais la tête vers lui et écoutais sa question, penchant la tête sur le côté. Je me grattais la tête, réfléchissant un moment. C'était vrai que ce cache œil m'avait intriguée quand je l'avais vu, mais je n'avais pas voulu poser la question parce que je me disais que ça devait se rattacher à un événement douloureux. Je croisais les bras en boudant.

- Non, c'est juste que je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs en te posant la question... Et que si tu voulais m'en parler, tu le ferais de toi-même...

Eh oui, malgré mon caractère bien pourri, je pouvais me montrer respectueuse. Enfin envers Alrick en tout cas.

Je souriait doucement, c'est vrai c'était un sujet plutôt sensible mais...c'était Syla, et à elle je pouvait tout lui dire, tout lui raconter et tout lui révéler, après tout...non, je ne devais pas le révélé, de plus...bah c'est pas important ! Je souriais et je regardais à mon tour par la fenêtre avant de lui répondre...

- Ne t'inquiète pas, cet événement est certes douloureux mais...la perte de mon oeil m'a permis d'atteindre une nouvelle vision bien plus grande. J'ai d'ailleurs appris les arts martiaux et appris à utiliser ton cadeau a bon escient ! Après tout c'est normal, un cadeau de toi est quelque chose de très cher pour moi.

Je riais doucement, voyant que le bus sortait progressivement de la ville, par la fenêtre du bus on pouvait apercevoir la grande roue et le grand huit du parc au loin, je savourai à l'avance les délices que j'allais pouvoir manger ! Sans m'en rendre compte j'ai d'un coup crier...

- BARBE A PAPA ! Euh...je veut dire...on est bientôt arriver ! j'espère que tu est prête à t'amuser !

Je me reprenais, rouge de honte en toussotant, je sifflotais doucement, espérant que Syla ne l'est pas trop remarqué, je perdrai de la crédibilité la ! Le bus lui...s'était arrêter devant le parc, tandis que les passagers, moi y compris on descendait, j'avais au passage prit la main de Syla, étourdit comme elle est, elle aurait pu rester dans le bus tient ! Moi j'observais ensuite le parc...l'air pensif.

Je m'étais remise à regarder par la fenêtre. J'étais un peu triste à vrai dire mais je ne le montrais pas. Je semblais plutôt pensive, mais le fait qu'il ne semble pas vouloir m'en parler m'attristait un peu, je n'allais pas le cacher. Je fis un sourire à la suite de ses paroles, touchée. Oui, j'étais heureuse qu'il utilise encore mon cadeau et il l'aurait surement été que je fasse de même, mais ce n'était plus possible pour moi...

- J'en suis contente !

Je regardais les manèges par la fenêtre, perdue dans mes pensées. En fait, je me demandais pourquoi il ne voulait pas m'en parler. Etait-ce si douloureux que ça ? Ou peut-être qu'il estimait que je ne méritais pas de le savoir ? Je ne savais pas, mais ça me faisait comme un petit pincement au cœur. Peut-être qu'il ne me considérait plus comme avant ?
J'entendis son cri, sans plus y faire attention que ça. Je me laissais entrainer, sans broncher, et descendis donc du bus. Une fois dehors, j'observais Alrick. Il semblait pensif... Pourquoi ? De ma main libre, je vins lui poker la joue pour attirer son attention.

- Tu comptes regarder le parc toute la journée ou tu veux rentrer t'acheter de la barbe à papa ?

Je souriais, malicieusement, cachant ma légère tristesse au plus profond de mon cœur. J'étais là pour m'amuser et profiter du retour d'Alrick ! Pas pour m'inquiéter de je ne sais quoi.

Syla me sortait de mes pensées, c'est vrai qu'en voyant le parc d'attraction j'était pensif, je réfléchissais à la manière dont j'allais lui dire pour mon oeil...mais j'avais peur qu'elle me rejette ensuite, mais en même temps une part de moi-même savait qu'elle ne me dirait rien ! elle avait des pouvoirs elle aussi, elle n'aurait pas pu me juger surtout en sachant ce qu'on représentait l'un pour l'autre...Quand je sortit la tête de mes pensées je souriait et j'entrainais Syla dans le parc en souriant en coin puis je lui murmurait doucement.

- Oui tu as raison ! amusons-nous un maximum et j'en profiterait pour te raconter cette mésaventure avec mon oeil, tu sais que tu as toute ma confiance et qu'on a pas de secrets l'un pour l'autre après tout, alors allons manger une maxi barbe à papa et posons-nous pour que je te raconte tout sa avant d'entamer la journée spéciale manège proposé par Alrick Stark !

Je riais doucement en me frottant l'arrière de la tête, il y avait aussi autre chose mais...sa je ne pouvait pas me permettre de lui en parler, j'ai toujours pensé et...parfois je le pense encore, que c'est par ma faute et ma faiblesse que la soeur de Syla avait perdue la vie, je n'aurai jamais pu accepté qu'elle aussi périsse par ma faute alors non...il vaut mieux que je garde sa au fond de mon être. Rapidement j'était aller au premier stand de Barbe à papa ou j'avais commandé deux cornet assez gros, en sortant mon argent que je tendais à l'homme j'était aller donner son cornet à Syla puis j'indiquais des bancs plus loin.

- On va s'asseoir Syla ? Le soleil brille en plus c'est parfait ! Un beau jour pour les histoires, on devrait me baptiser "Père Castor" non ?

Je me mettais encore à rire, me mettant en route vers le banc avant de m'affaler dessus, croquant dans ma barbe à papa totalement exquise !

Je me laissais entrainer, sans broncher. J'étais toujours en partie dans mes pensées, réfléchissant à ce qui avait pu changer dans notre relation pendant ces trois ans. En apparence, rien n'avait changé, mais en profondeur, est-ce que tout était pareil ? Je n'en était pas si sûre... Pourtant, il réussit à me rassurer par ses paroles. C'est fou ce qu'il pouvait toujours me rassurer aussi aisément.

- D'accord...

J'allais m'asseoir, ma barbe à papa à la main, un petit sourire aux lèvres. Je le regardais en souriant, prenant une petite bouchée de barbe à papa.

- Mets tes lunettes et lis nous tout !

Je lâchais un petit rire, amusée par ma petite taquinerie.

Je ne comprenait pas la réaction de Syla, pourquoi réagissait-elle ainsi ? Je ne savait pas du tout, je trouvais qu'elle n'était pas aussi...énergique que d'habitude, avait-elle un problème ? Plus important encore, m'en voulait-elle ? Je ne savait pas mais ces questions me trottaient dans la tête, je ne pouvait pas lui demander...elle serait peut-être blessée au fond d'elle même et sa je ne le voulais pas alors je répondais à sa boutade par un léger rire et par l'histoire évidemment.

- Tu te souvient surement que l'assassin de ta soeur m'avait également crever un oeil le soir ou on a trouver son corps ? Eh bien lors de mon voyage j'ai passé la plupart de mon temps dans un temple perdu en Orient auprès de moines qui m'ont appris les arts martiaux, ils m'ont également confié leurs héritages, car voit-tu, la plupart des faiblesses des hommes sont dévoilés lorsqu'ils sont confrontés à leurs pires cauchemars.

A ces derniers mots j'enlevais alors mon cache-oeil et j'ouvrais mon oeil droit, dévoilant à Syla un oeil entièrement rouge dont la pupille est droite tel un oeil de chat, j'espérait qu'elle ne m'en voudrait pas, ou qu'elle ne me haïrait pas, je croqua de nouveau dans ma barbe à papa, attendant sa réaction face à cette révélation.

Je finis ma barbe à papa, écoutant attentivement son histoire. J'étais rassurée, j'avais cru qu'il ne voulait pas m'en parler, mais apparemment, il n'en était rien. Heureusement... J'avais donc récupéré mon envie de sucrerie et la barbe à papa n'y survécu donc pas ! Lorsqu'il enleva son cache-oeil, je me rapprochais pour mieux observer cet étrange œil. C'était spécial, mais ça donnait un style.

- Leurs pires cauchemars ? Genre les araignées et tout ?

Je mis un doigt sur mes lèvres, réfléchissant une seconde. Attendez... C'était très bizarre tout à l'heure maintenant que j'y pensais...

- Les cons de t'aleur, c'était toi ? Si oui, mais c'est trop classe !!

Je fis un grand sourire pour le rassurer. Je ne comprenais pas trop pourquoi il avait hésité à m'en parler... Je faisais bien apparaître des armes moi, alors bon... Mais je ne lui en voulais pas ! Il devait avoir ses raisons après tout ! Prenant un air taquin, je profitais d'être proche de lui pour venir croquer dans sa barbe à papa, sans gêne.

- Crounch !